50 nuances de Lumière - Degas
- Sergio
- 10 avr. 2020
- 2 min de lecture
Edgar Degas (1834-1917).
Aujourd’hui, ni plein air, ni soleil, ni peinture sur le motif.
Y aurait-il erreur sur la marchandise ?
Et bien non figurez-vous. Car ce cher Degas s’intéressait tout autant que ses comparses aux effets de la lumière. Seulement lui, sa marotte, c’était l'éclairage artificiel. Celui des boulevards la nuit, des théâtres et des cafés-concert. La vie moderne sous les projecteurs.
Degas est foncièrement urbain. Les déjeuners sur l’herbe ou les promenades en barque, très peu pour lui. Il préfère les atmosphères confinées des estaminets et des salles de spectacle. Il peint ses contemporains parisiens jouissant de la vie nocturne.
L’éclairage aux becs de gaz ou à l’électricité occupe le devant de ses toiles. Son éclat blanc altère la couleur et fait naître de violents contrastes. Une lumière aigre qui provoque des remontées de teintes acides. Surtout lorsqu’elle vient du dessous.
C’est la fête du clair-obscur. Et faut reconnaître, c’est du brutal.
La dureté de cet éclairage moderne ne pardonne rien et déforme les traits. On verrait presque couler le maquillage sous l’effet de sa chaleur. Un masque de craie blanche qui vient recouvrir le visage des artistes. L’expression devient grimace, presque grotesque. Les feux de la rampe ne sont guère accommodants.
Et Degas en accentue même les effets. D’abord par l’audace de ses angles de vue, plongée et contre-plongée surtout. Mais aussi par l'usage du monotype, un procédé d’impression à tirage unique qu’il rehausse parfois de pastels. Le noir profond de l’encre envahit les zones d’ombre. L'éclat de l’éclairage n’en est que plus âpre.
Sous son pinceau, Fée Electricité et Becs de gaz sculptent les visages à leur guise. Fiat lux et la vie moderne se théâtralise soudain.
Degas est passé maître dans les rendus des éclairages artificiels. Et sans doute s’est-il inspiré de l’oeuvre lithographiée d’Honoré Daumier, grand caricaturiste du milieu du XIXe siècle, qui savait rendre les feux de la rampe comme personne. Mais c’est une autre histoire.
A lundi.
Teaser: Miroir mon beau miroir
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