Ce qui se trame au fond de la toile
- Sergio
- 23 mars 2020
- 1 min de lecture
C’est joli Degas. C’est léger, c’est gracieux, ça parle de danse et d’opéra.
Mais il ne faut pas toujours croire ce que l’on voit.
Ou plutôt: il faut aller jeter un oeil au fond de la coulisse.
Méfiez-vous, ils sont partout, ces hommes en haut-de-forme. Silhouettes noires, ils patientent en fond de scène, dans l’ombre. Déjà au spectacle avant que ne résonnent les trois coups.
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Tout va bien Messieurs? A votre aise?
Ce faisant, Degas expose une réalité du monde de l’opéra que tout le monde connaît au XIXe siècle. Ces hommes, ce sont les abonnés qui ont le droit d’assister aux répétions depuis 1831. Accès VIP aux ballerines, les chanceux… Il n’y a plus qu’à faire son marché. Et ils ne s’en privent pas. D’autant que d’origine modeste pour la plupart, les jeunes danseuses se mettent en quête de « protecteurs », encouragées par leurs mères (ou femmes plus âgées remplissant cet office).
Degas s’est d’ailleurs employé à les sortir de l’ombre elles aussi, ces mères maquerelles. Le temps de quelques toiles. Ne vous laissez pas abuser par leurs gestes attentionnés, ils dissimulent une réalité bien plus sordide.
Mais qu’on se le dise ("On" est très renseigné): Degas s’intéressait davantage à la décomposition du mouvement et au corps au travail qu’aux promesses érotiques du corps de ballet. Saisissant les jeunes danseuses en plein effort, durant les répétitions ou sur scène, il leur reconnaissait déjà un statut d’artiste: des performeuses du geste parfait.
Mais parce qu'il faut toujours rétablir l'équilibre dans la Force, sachez qu'il n'était pas tendre non plus. Plutôt misogyne à tendance misanthrope.
Personne n'est parfait.
A mercredi
Teaser: "Chante Rooooossignol chante"
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