Une pluie de paillettes

Si l’on met son nez sur une une toile de Vermeer - bien proche, le nez - et que l’on observe attentivement, apparaît une chose assez folle (cliquez sur les images pour voir the big picture).

Cela scintille.

De mille feux. Un vrai feu d’artifices.

Une trame de touches plus claires qui rehausse aplats et contours.

Mais qu’en certains endroits bien précis. Comme une ponctuation lumineuse.

Au premier plan, c’est une débauche de paillettes. Tout semble vibrer, et tout semble flou.

Regardez le pain de la laitière: il est noyé sous un essaim de points dorés. - « Qu’on le couvre d’or » - Un fondu lumineux avant l’heure.

Le panier en osier accroché derrière est en revanche très net. Comme si Vermeer, muni d’un objectif photographique, avait fait le point sur le fond du tableau.

#Grosfilter #ModePotraitiPhone (mais sur le mur derrière, allez comprendre les artistes…).

Sauf que la photo, au 17e siècle, ça n’a pas encore été inventée. Il faut attendre Nicéphore Niépce et son Point de vue du Gras en 1826.

Ce qui existe déjà, en revanche, c’est la chambre noire - camera obscura pour les bilingues - un ancêtre lointain de la photographie: une sorte d’objectif muni de lentilles qui permet de mettre l’image au point sur la toile. Ce bon vieux Léonard de Vinci l’utilisait déjà.

Les experts ne sont pas tous d’accord (c’est en cela qu’ils sont experts), mais certains disent que Vermeer l’aurait utilisée pour peindre ses toiles. Les lentilles déformaient en effet la lumière, la rendaient diffuse, en accentuaient les halos et créaient un scintillement très subtil à la surface des choses. Vermeer aurait saisi cet effet irisé singulier et l’aurait traduit en quelques gouttelettes de peinture minutieusement dispersées.

Mais rien dans sa correspondance ou ses archives ne permet d’affirmer qu'il peignait effectivement avec une camera obscura…

L’énigme du Sphinx de Delft reste donc entière.

Et si vous voulez en voir plus, c'est par ici.

A vendredi.

Teaser: Battle VS Hitchcock