Un vrai bestiaire
- Sergio
- 25 mars 2020
- 2 min de lecture
Aaaah le Déjeuner sur l’herbe. Son sous-bois, son plan d’eau, ses femmes nues et ses hommes habillés. Son parfum de scandale.
On connaît la chanson.
Victorine nous regarde sans complexe.

Que faites-vous là, vous? Rejoignez-nous ou passez votre chemin, mais ne restez pas planté là. Profitez du grand air.
Et Victorine a bien raison. Cessons de la fixer et promenons-nous dans les bois. Observons la toile dans tous ses recoins. La trouée bleue qui ouvre l'horizon. La barque à droite et ses rames abandonnées. Le sentier qui semble s’ouvrir à gauche. Le panier renversé et ces fruits bien mûrs étalés sur la robe de la belle.
On est bien.
Mais observez davantage encore. Ouvrez l’oeil.
Vous avez bien entendu. Un oiseau. Un bouvreuil.
Mais si! Tout là-haut, au milieu des feuillages. Comme une clé de voûte qui tient le paysage tout entier. De lui part le triangle qui contient l’ensemble des personnages. Un Saint-Esprit champêtre.

Mais il ne s’agit pas du seul animal. Observez encore.
En bas, tout à gauche, prêt à bondir hors du cadre.
Un crapaud.

Au repos, il n'est pourtant que vigoureusement esquissé alors que l’oiseau, figé en plein vol, est peint avec finesse. Pour saisir le mouvement fugitif du battement d’aile, le regard du peintre doit être rapide, précis, patient. Le batracien, immobile, ne nécessite pas une aussi grande minutie.
Comme moi, aiguisez votre regard, nous souffle Manet. Ouvrez l’oeil. Ne vous laissez pas prendre au piège de l’évidence. Mon tableau raconte une histoire. Il se mérite.
Maintenant on se détend, on ferme les yeux, et on s’invite dans la toile (en tapotant ici pour l'immersivité 2.0).
Et quand le confinement aura pris fin, on file à Orsay pour voir ce joyeux bestiaire en chair et en peinture.
A vendredi
Teaser: Cluedo Party au pays de la nature morte.
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